« De l’indocilité. Apprenti.e.s et élèves de lycées professionnels, à l’école et au travail »

Prisca Kergoat, Maîtresse de conférences en Sociologie, Université Toulouse – Jean Jaurès, CERTOP (UMR5044 CNRS)

Habilitation à diriger des recherches (HDR) soutenue en décembre 2018


Jury :

Stéphane BEAUD, Professeur de sociologie, Université de Poitiers, GRESCO
Didier DEMAZIÈRE, Directeur de recherche au CNRS, CSO/  Sciences Po Paris (rapporteur)
Nadia LAMAMRA, Professeure de sociologie, Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (IFFP) Renens-Suisse (rapporteure)
Nicky LE FEUVRE, Professeure de sociologie, Université de Lausanne
Gilles MOREAU, Professeur de sociologie, Université de Poitiers, GRESCO (garant)
Olivier SCHWARTZ, Professeur émérite de sociologie, Université Paris Descartes, CERLIS (rapporteur)
Lucie  TANGUY, Directrice de recherche au CNRS (honoraire)


Résumé :

Le rapport qu’entretiennent les classes populaires envers la domination dont elles sont l’objet est une question fondamentale de la sociologie que ma recherche réinterroge en privilégiant deux entrées. La première est celle des déterminismes structurels qui pèsent sur ceux et celles qui endossent la position d’apprenti.e.s et d’élèves de LP. L’analyse processuelle des inégalités montre que l’entrée en formation dans un contexte spécifique, celui de la valorisation de l’entreprise formatrice, se structure autour de différents sas de sélection et de hiérarchisation qui sont autant de processus cachés reliant la sphère éducative à la sphère productive.  La seconde est celle de l’autonomie de pratique et de pensée mise en œuvre par les jeunes à l’école et au travail. Loin d’être dupes ou de consentir à leur domination, filles et garçons déploient un complexe de pratiques que j’ai théorisé en terme d’ « indocilité ». En témoigne la façon dont ils et elles s’emparent de la notion d’injustice et déjouent (partiellement) la pesanteur des différents systèmes de domination.
Combinant analyses statistiques et enquête ethnographique, ma recherche permet tout à la fois de mettre en pratique et d’avancer dans la réflexion sur l’intrication des rapports sociaux (de classe, de sexe, de « race » et de génération). Les un.e.s et les autres se confrontent à leur condition, s’appuient selon les situations sur un des systèmes de domination pour réorganiser leurs pratiques. La construction de cet espace de contestation s’inscrit tant dans un processus de désenclavement culturel que dans la mobilisation de différents héritages sociaux.

Contact : prisca.kergoat@univ-tlse2.fr