La revue : Cahiers du Genre, 2022/2 (n°73)

L’article : « Violences de genre et féminicides en Espagne. Des catégories et des chiffres en débat », pp. 33-60.

L’auteure : Glòria Casas Vila est membre du CERTOP

DOI : https://doi.org/10.3917/cdge.073.0033

Résumé :

La loi-cadre contre les violences de genre en Espagne est souvent mise en avant comme l’une des législations les plus complètes et avant-gardistes en matière de violences de genre en Europe. Cependant, depuis sa promulgation, des associations féministes et des spécialistes ont critiqué le caractère partiel et restreint de la définition légale des violences de genre, qui restent réduites aux violences conjugales. L’un des enjeux de cette définition limitée est le comptage officiel du nombre des féminicides, qui demeure bien en dessous du nombre des femmes tuées par des hommes parce qu’elles sont des femmes » dans le pays. Dans cet article, nous revenons sur la façon dont cette définition a été mobilisée dans la loi et les problèmes qu’elle a ensuite suscités, en termes de production des données sur les violences mais aussi d’accès aux droits pour les victimes. Nous présentons les divergences dans la production des chiffres des féminicides selon le gouvernement et les
associations féministes de la société civile, divergences qui concernent plus largement la définition de ce qu’est la violence de genre en Espagne. Nous abordons ensuite quelques controverses-clés qui ont été très médiatisées et parfois discutées au sein du parlement espagnol, comme celle de l’invisibilisation des femmes tuées dans le cadre du système prostitutionnel. Enfin, nous voyons comment le comptage des féminicides en Espagne est en train d’être repensé à la suite des exigences des conventions internationales ratifiées par l’État, comme la CEDEF ou la Convention d’Istanbul.