A partir de contributions d’horizons disciplinaires variés, l’ouvrage se donne pour objectif d’éclairer la variété des modes de gouvernement de la nature et les dilemmes de la gestion et de la protection de ses ressources, en France et au Québec.

 

Éditions : Presses de l’Université Laval
Parution : avril 2019, p. 492
ISBN : 978-2-7637-3507-8
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Éditions : Hermann
Parution : juin 2019, p. 492
ISBN : 978-2-7056-9668-9
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Présentation de l’ouvrage par Didier Busca

Comment est né cet ouvrage collectif ?

Je rencontre Nathalie Lewis en 2012 au Congrès de l’AISLF à Rabat, Maroc. Nous nous intéressons, tous deux, à l’action publique environnementale et aux modes de gouvernance de la protection des ressources naturelles. Nous décidons alors d’initier un séminaire de travail par visioconférence, puis en présentiel, Nathalie Lewis étant accueillie pour 6 mois (2013-2014) à l’Université Toulouse – Jean Jaurès (UT2J-CERTOP). Ce séjour permet de construire un projet de recherche sur les « Inégalités sociales et environnementales autour des ressources naturelles » (2014-2015) dans le cadre du programme de développement des partenariats stratégiques du Conseil franco-québécois de coopération universitaire (CFQCU) associant l’UT2J-CERTOP et l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).

Cette première collaboration permettra :

– de corédiger un article : Busca, D. et N. Lewis, 2015, « The territorialization of environmental Governance. Governing the environment based on just inequalities? », Environmental Sociology, Routledge, vol. 1, n° 1, p. 18-26 ;
– de coordonner un numéro spécial de revue : Lewis, N., Busca, D., Simard, L. et B. Villalba, 2015, « Temporalités, action environnementale et mobilisations sociales », VertigO, vol.15, n°2 ;
– et de co-organiser un colloque dans le cadre du 83ème Congrès de l’Acfas : Busca, D., et N., Lewis, 2015, « La mise en justice de l’environnement : gouverner l’environnement sur la base d’inégalités justes ? », Colloque 432 – Le développement territorial sous la loupe : inégalités sociales et environnementales autour des ressources naturelles, ACFAS, Rimouski, 29 mai.

Ce colloque préconfigure un collectif de chercheur.e.s québécois.es et français.es en sociologie, géographie, anthropologie, économie et en sciences politiques que nous continuerons à mobiliser pendant trois ans (2016-2018) lors d’un séminaire annuel organisé en parallèle du « Séminaire de Collioure » avec les étudiant·e·s du Master « Politique environnementale et pratiques sociales » (PEPS, UT2J).

Ces échanges scientifiques sont facilités par l’obtention de financements de recherche qui permettent d’alimenter nos réflexions à partir de travaux empiriques :

– (2014-2019) de l’Agence nationale de la recherche (ANR) dans le cadre du programme « Facing societal, climate and environmental changes », l’EFFort environnemental comme Inégalité : Justice et Iniquité au nom de l’Environnement – Effijie (ANR-13-SENV-0001) ;
– (2016-2019) du LabEx SMS (OP8. Mondes politiques) « Gouverner les ressources naturelles sur la base d’inégalités justes ? Gouvernance territorialisée en France et au Québec » (Gouvineg).

L’ouvrage est le résultat de ce passionnant processus collectif de réflexion autour du « gouvernement des ressources naturelles » auquel ont contribué une trentaine de chercheur.e.s.

Pourquoi écrire ce livre ?

Nous voulions sortir d’une approche sectorielle des questions environnementales –s’émanciper d’une approche centrée sur les objets de nature (eau, sol, etc.) ou les secteurs qui mobilisent les ressources naturelles (agriculture, transport, énergie, etc.) – pour les traiter de façon transversale dans une perspective plus politique : en croisant la question du développement territorial, celle de la fabrique sociale du risque, celle des modes de gouvernance et des tensions entre participation et négociation, et celle du conflit et des sentiments de justice que le gouvernement de la nature et de ses ressources peuvent faire naitre.

A quels questionnements l’ouvrage tente de répondre ?

Comment expliquer les difficultés du passage de l’intention à l’action en matière de protection de la nature et ses ressources ? Que nous apprennent les modes de gouvernement des ressources naturelles sur notre rapport à la nature ? Que fait-on de la nature et à la nature ?

L’objectif de l’ouvrage est d’analyser les difficultés de protection de la nature alors que les problèmes sont énoncés et que des dispositifs d’action publique visent leur prise en charge souvent au plus près des problèmes à régler. Comprendre les aléas du passage de l’intention à l’action – au sens où l’action relève autant de la construction des problèmes et des solutions que de la construction des collectifs d’acteurs qui s’en saisissent – représente un pari important pour mieux penser les modes de gouvernement des ressources naturelles et leur (in)capacité à les protéger.

Quels sont les apports de l’ouvrage ?

Si le niveau de connaissances scientifiques sur les effets de l’activité humaine sur les milieux n’a cessé de s’amplifier depuis les deux dernières décennies, les réponses en termes de prévention ou de réparation des dommages causés à la nature semblent limitées. L’ouvrage soulignent les dynamiques permettant de comprendre les difficultés de nos sociétés à protéger les ressources naturelles : leur exploitation oriente leur mode de gouvernement. Comme si, nos modèles de développement économiques et sociaux assumaient difficilement, au-delà du discours, leur part de transition. Comme si, notre système de croyances avait intégré le risque environnemental, voire la catastrophe, comme “normal” dans la construction sociale de notre rapport à la nature.

Protéger la nature pose ainsi de façon directe la question du changement et de la permanence d’un paradigme qui freine notre capacité collective et celle de l’action publique environnementale à penser-promouvoir l’atténuation de l’impact des activités humaines sur les ressources comme mode de gouvernement de la nature.

Pour autant, on observe – en France, au Canada et ailleurs dans le monde – un accroissement de la critique qui s’exprime par des contestations d’usagers ou de consommateurs, prenant parfois la forme de recours en justice contre l’industrie phytopharmaceutique ou contre les pouvoirs publics (Phyto-Victimes en France, l’affaire Dewayne Johnson aux E-U, la « Campagne Glyphosate », etc.), ou par des mouvements de grève mondial pour le climat (celui initié par Greta Thunberg),… Que donnent à voir ces mobilisations ? Quelles critiques posent-elles sur les modes de gouvernement de la nature ? En quoi ces mobilisations, et les critiques sur lesquelles elles se construisent, peuvent-elles infléchir les référentiels d’action, les cadres cognitifs et normatifs des politiques de protection de la nature ? Ces questions transversales se posent presque naturellement à la lecture de l’ouvrage, ce dernier montrant in fine que le gouvernement des ressources naturelles génère – plus qu’il ne solutionne de « problèmes » – des espaces de possibles au sein desquels des tensions d’interprétation et de sens se manifestent.

A quel public s’adresse l’ouvrage ?

L’ouvrage s’adresse à un large public de chercheur.e.s, d’étudiant.e.s, de professionnel.le.s et de citoyen.ne.s intéressé.e.s par une réflexion sur les modes de gouvernement des ressources naturelles et sur les exigences sociales et politiques de leur protection.

Quels sont vos projets ?

Nous écrivons actuellement, avec Nathalie Lewis, un article pour une revue scientifique nord-américaine. Il vise en ce sens à développer, dans la continuité de l’ouvrage, une approche cognitive de l’action publique environnementale croisée à une sociologie des mobilisations permettant de questionner le changement. Nous souhaitons, pour alimenter cette réflexion, continuer à renforcer les liens entre l’UQAR et l’UT2J-CERTOP par des réponses à des appels à projets de recherche internationaux.


Sous la direction de :

Didier Busca, sociologue de l’environnement, est maître de conférences au Département de sociologie de l’Université Toulouse – Jean Jaurès et chercheur au CERTOP-UMR5044 CNRS. Il développe des recherches sur le gouvernement des ressources naturelles, notamment de la ressource en eau. Il interroge les instruments d’action publique et leur capacité à écologiser les pratiques et à réduire les risques environnementaux et sanitaires des pollutions diffuses et ponctuelles.
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Nathalie Lewis, sociologue de l’environnement, est professeure et directrice du Département sociétés, territoires et développement de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Elle dirige le Groupe de recherche interdisciplinaire sur le développement régional de l’Est-du-Québec (GRIDEQ). Ses travaux questionnent les liens entre les communautés locales et leur environnement, en particulier les aspects sociaux et politiques des ressources naturelles et des communautés dépendantes de ces ressources.
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Contributeur.rice.s :

Aurélie Arnaud, Jean-François Barthe, Carole Barthélémy, Christine Bouisset, Geneviève Brisson, Didier Busca, Jacqueline Candau, Cécilia Claeys, Sylvie Clarimont, Émeline Comby, Sabrina Doyon, Aurélie Dumont, Maude Flamand-Hubert, France Gagnon, Anne Gassiat, Martin Hébert, Steve Joncoux, Marie-Laure Lambert, Enzo Lana, Pascal Le Floc’h, Nathalie Lewis, Patrick Mundler, Julien Rebotier, Anna Rouadjia, Olivia Roy-Malo, Julie Ruiz, James Wilson, Virginie Zingra


Contact CERTOP : Didier Busca – busca@univ-tlse2.fr