Malgré l’évidence de ce que l’on nomme aujourd’hui une « convergence des luttes », la santé et sa promotion n’ont pas fait du genre un thème majeur et le genre a peu investi le champ de la santé publique. Ce guide théorique et pratique vient combler ce vide.

Préface de Nathalie Bajos

Éditions : Presses de l’EHESP, Collection Terrains Santé Social
Parution : avril 2019, p. 144
ISBN : 978-2-8109-0771-7
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Présentation de l’ouvrage par Jean-Yves Le Talec

Pourquoi écrire cet ouvrage ?

Avec Danièle Authier, sociologue, et Sylvie Tomolillo, anthropologue, nous avons conçu et rédigé cet ouvrage comme l’aboutissement d’un long processus de recherche, à partir d’un terrain constitué de sessions de formation sur l’approche genrée en promotion de la santé, qui ont réuni surtout des professionnel·le·s de la santé et de la prévention, mais aussi des militant·e·s d’associations engagées en promotion de la santé, des agent·e·s de structures publiques, des étudiant·e·s… C’est une démarche méthodologique originale, qui nous a permis de construire une approche par consensus entre l’équipe de formation et un groupe de stagiaires, et de répondre à de multiples questions que soulève la prise en compte du genre dans la conception et la mise en œuvre d’actions de promotion de la santé. Cette source de données était particulièrement riche, puisque les participant·e·s à ces formations venaient d’horizons très variés : intervention sociale, monde biomédical, administration et droit de la santé, psychologie et sexologie, sciences sociales, etc.

À quels questionnements tente-t-il d’apporter des éléments de réponse ?

La promotion de la santé et le genre sont deux grandes idées contemporaines qui procèdent de mobilisation collectives en faveur de l’émancipation et de la justice sociale. Pourtant, elles peinent à se rencontrer : la littérature sur la santé et sa promotion, de même que celle portant sur les inégalités sociales et les déterminants de santé abordent peu les rapports de genre, souvent réduits aux seules différences sexuées. C’est ce que souligne aussi Nathalie Bajos, directrice de recherche à l’Inserm, qui signe la préface du livre.

Il y avait donc une démarche à construire, afin de montrer les liens profonds entre le genre et les principes fondateurs de la promotion de la santé, tels qu’édictés dans la Charte d’Ottawa. C’est ce qui explique l’importance de la partie théorique, qui occupe la première partie du livre. À partir des commentaires et des questions recueillies en situation de formation, nous souhaitions rendre le plus accessible possible les apports théoriques qui ont conduit à formaliser tant le genre que la promotion de la santé (abordée notamment au prisme de ses moyens d’action). Dans un second temps, nous avons voulu restituer d’un point de vue pratique les conditions de prise en compte du genre en promotion de la santé et finalement proposer un outil pratique d’évaluation.

Quels sont ses apports ?

Le lien entre théorie et pratique est sans doute l’un des points forts de ce livre : c’était en tous cas un souhait exprimé lors de la conférence de consensus organisée par les auteur·e·s et quelques formateurs·trices, et une partie des participant·e·s aux formations. Nous avons également pris un soin particulier au référencement bibliographique, afin de permettre aux lecteurs et lectrices d’aller plus loin sur les sujets qui les intéressent particulièrement. Certains thèmes, tels que le care par exemple, sont abordés afin de montrer leur articulation tant au genre qu’à la promotion de la santé, mais ne sont pas développés de manière approfondie : le jeu de références permet facilement d’aller plus loin.

Comment avez-vous construit votre ouvrage ?

Nous l’avons construit en commençant par la théorie pour aller vers la pratique. Mais nous montrons aussi combien la pratique militante féministe a construit les réflexions théoriques sur les rapports sociaux de sexe et le genre, en commençant par aborder des notions telles que la conscientisation, l’empowerment, l’agency et l’émancipation.

À quel public s’adresse-t-il ?

Ce livre s’adresse à un public très large, qu’il s’agisse d’étudiant·e·s, particulièrement dans les formations centrées sur le genre et/ou la santé, de professionnel·le·s du soin, de la promotion de la santé et de la santé publique, de bénévoles dans les associations touchant à la prévention et la réduction des risques, de responsables du secteur public en charge de l’administration de la santé et du financement des actions de terrain, de chercheur·e·s et enseignant·e·s à l’université ou dans les filières professionnelles.

Et aujourd’hui ?

Dans l’immédiat, nous participerons à la  16e Université d’été francophone en santé publique (du 30 juin au 5 juillet 2019 à Besançon) qui ouvre, pour la première fois, un module sur le Genre.


Les auteur.e.s :

Jean-Yves Le Talec est sociologue, chercheur et enseignant à l’Université Toulouse – Jean Jaurès, membre associé du CERTOP et co-fondateur du Groupe de travail « Sociologie des sexualités » au sein de l’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF)
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Danièle Authier est sociologue, coordinatrice du programme « Femmes, réduction des risques et sexualité » et co-fondatrice de l’association Frisse à Lyon

Sylvie Tomolillo est anthropologue, spécialiste des rapports sociaux de sexe et de la variabilité culturelle du genre. Elle a participé à des recherches sur la prévention du sida en milieux bisexuel et hétérosexuel, sur les mobilisations gaies et queer et sur l’impact des discriminations sexistes et homophobes dans la prise de risques.

Contact CERTOP : Jean-Yves Le Talec – letalec@univ-tlse2.fr