«L’État, le proviseur et le territoire. Une sociologie politique de l’art de gouverner par les segments.» Christophe MAUFRAS

Thèse de doctorat de sociologie, soutenue en octobre 2012, à l’Université Toulouse Le Mirail, sous la direction de Daniel FILATRE

Résumé : À travers l’analyse des dispositifs d’adaptation de l’offre de formation que mettent en œuvre des proviseurs des académies de Bordeaux et de Toulouse, cette thèse répond à la question de savoir dans quelle mesure les évolutions contemporaines des modalités étatiques d’intervention participent d’une stratégie globale résultant d’une nouvelle forme de gouvernementalité.
Au terme d’une approche critique, cette thèse montre que les années 1980 sont effectivement une période charnière où, sous l’effet du processus de civilisation, l’appareil de gouvernement devient incapable d’assurer efficacement la médiation du rapport de gouvernement entre l’État central et la population. Inéluctable, l’ajustement prend alors la forme d’une mutation de la structure et de la dynamique de la chaîne de gouvernement, mais il emprunte également la voie d’une mutation des techniques et des logiques de gouvernement.

La fin du XXe siècle marque ainsi le passage entre un État « intégratif » et un État « distributif », dont la spécificité réside dans sa capacité à gouverner à distance et de façon invisible ; principalement en contrôlant la capacité des dirigeants de proximité à rendre l’action publique possible tout en instaurant un ordonnancement d’ensemble qui empêche les acteurs non étatiques de gouverner localement.

Mots-clefs : Système éducatif, proviseur, cadre de direction de proximité de la fonction publique, action publique, gouvernementalité, gouvernement, gouvernance, « disruption rythmique », « grand système d’action publique », chaotisation, autopoïèse, État central, appareil de gouvernement, chaîne de gouvernement.

« State, headteacher and country. A political sociology concerning the art of governing segmentally. »

Abstract : By the analysis of the systems of adjustment to training offers implemented by headteachers in the Bordeaux and Toulouse education authority areas, this thesis answers the query concerning in what way contemporary evolution of state intervention changes contribute to a global strategy which results in a new form of governing.

Pursuant to a critical approach, this thesis shows that the Eighties are indeed a pivotal period when, under the influence of the civilisation process, the government machine becomes unable to effectively ensure the mediation of the relation of government between the central State and the population. The adjustment inevitably takes the form of a structural transformation of the process of the chain of government, but it also results in a transformation of government techniques and logic.

The end of the twentieth century thus marks the passage between an “integrative” State and a ‘distributive” one whose uniqueness rests in its ability to govern from afar invisibly, mainly by controlling the ability of local leaders to make public policy possible while establishing overall task scheduling which prevents non-state actors from governing locally.

Key Words : Education system, headteacher, local level civil servant management executive, public policy, governmentality, government, governance, “rhythmic disruption”, large public policy system, chaotisation, autopoiesis, central State, government machine, chain of government.

mise à jour octobre 2012