Lieu : INU Champollion, Albi (81) Auditorium 1 Michel Cohou – Bâtiment Multimédia – Comment venir ?

A propos

Parler du « numérique » est une métonymie, qui uniformise dans un nom commun un ensemble de transformations en cours – sociales, techniques et culturelles – pourtant de vitesses et d’ampleurs différentes. Sur la scène publique, ces changements s’accompagnent de discours prometteurs sur le(s) progrès, empreints d’une forte normativité. Mais le numérique engage aussi des transformations qui reconfigurent la médiation technique au cœur de nombreuses sphères de la vie sociale : en s’emparant d’objets de recherches innovants, les sciences humaines et sociales relèvent des enjeux classiques en termes d’inégalités de générations, de genre, de groupe social et de territoires. En croisant les méthodes et les analyses, cette journée d’étude entend rendre compte de ces enjeux et dégager leur portée heuristique.

Argumentaire

Le numérique est-il en train de transformer la société ? Les objets de nos environnements individuels et collectifs se numérisent, et leurs fonctions se multiplient. Cette numérisation transforme les pratiques par la multiplication des équipements et des usages qui en sont faits ; elle redéfinit la fabrication du lien social en modifiant les supports de la médiation technique au cœur des activités humaines. Ce phénomène technique et culturel, couramment désigné comme « le numérique », est un fait social. L’appropriation et la maîtrise de l’innovation technique, de ses usages et de ses potentialités, deviennent un enjeu majeur pour les institutions publiques et les institutions privées. Le numérique formule la promesse de mettre en circulation les savoirs et les compétences des individus, et de réunir les activités de consommation et de production en augmentant les formes collaboratives sur la base d’une appropriation généralisée des TIC. Pour les institutions publiques, l’enjeu est d’incorporer ces dispositifs numériques aux circuits organisationnels de circulation de l’information, et de repenser les interfaces entre l’organisation, les usagers et les professionnels qui y travaillent. Plus spécifiquement encore, des politiques de modernisation des pratiques d’apprentissage et des contenus pédagogiques sont aujourd’hui à l’œuvre dans la formation et l’enseignement. Ainsi, deux politiques publiques visent aujourd’hui la numérisation du système d’enseignement primaire et secondaire d’une part, et de l’enseignement supérieur d’autre part. Mais l’accès et l’appropriation du numérique par les individus échappent-ils pour autant aux inégalités de territoire, de genre et de génération ?

La numérisation des territoires met en tension les logiques organisationnelles, entre innovation verticale nationale, et circulation horizontale et locale des usages et des savoirs. Par ailleurs, la numérisation soulève l’enjeu de la perception de la structure sociale et des différents groupes sociaux. Les transformations de la médiation technique transforment-elles aussi les modalités d’appropriation genrée de la technologie ? Également, ces transformations invitent à une lecture de la structure sociale au prisme du facteur générationnel, dont le sens commun s’empare pour poser une coupure radicale entre des populations jeunes et technophiles et des populations âgées déprises de leur pouvoir d’agir. On présuppose des compétences innées aux générations « natives » du numérique, indépendamment de leur groupe social d’appartenance, au risque d’occulter les spécificités propres à chaque profil sociographique, les besoins de formation, la différenciation des modes d’appropriation, et au risque finalement de reproduire des inégalités rendues invisibles par le seul critère générationnel tenu pour discriminant. Pour les populations plus âgées, les mêmes effets de générations occultent des différences socioprofessionnelles et d’équipement territorial. Concernant les usages, on présuppose des retards technologiques accumulés que pourraient combler de nombreux dispositifs, en même temps que le numérique fait craindre une déprise sur les logiques interactionnelles et les temporalités collectives.

Les représentations accolées au numérique par tous, en tous lieux du social, ont engendré des actions politiques et marchandes au nom du numérique pour tous. Face à ce mouvement de transition, les sciences humaines et sociales sont invitées à dégager des spécificités sociales qui requièrent le croisement des problématiques de genre, de générations, de classes et de territoires pour être appréhendées. Cette journée d’étude pluridisciplinaire propose donc de croiser les méthodes et les analyses pour se saisir des enjeux épistémologiques de la numérisation, et pour rendre intelligibles ces transformations en cours.


Programme

9h45-10h00 : Accueil café

10h00-10h15 : Introduction par Michèle Lalanne et Victor Potier

10h15-11h00 : « Le jeu reconfiguré par le numérique »
Michel Lavigne Maître de conférences en Arts, Université Toulouse 3 – IUT Castres, LARA-SEPPIA, EA4154, Université Toulouse 2

11h00-11h45 : « Jeu, jeunes et numérique : des relations à déconstruire »
Victor Potier, Doctorant en sociologie, INU Champollion Albi, CERTOP UMR CNRS 5044
Michèle Lalanne, Professeure de sociologie, INU Champollion Albi, CERTOP UMR CNRS 5044
Nadia Yassine-Diab, Maîtresse de conférences en anglais, Université Toulouse 3, LAIRDIL EA 7415
Sébastien Dejean, Ingénieur de recherche en calcul scientifique, Institut de Mathématiques de Toulouse, UMR 5219, Université Toulouse 3

11h45-12h30 : Questions, Discussions, Synthèse

14h30-15h15 : « Des filles, des garçons et des avatars »
Fanny Lignon, Maîtresse de conférences en cinéma et audiovisuel, Université Lyon 1 – ESPE – Laboratoire THALIM (CNRS/Paris 3/ENS)

15h15-16h00 : « Les pratiques numériques généralisées : opportunités et appropriations de l’interactivité socialisante »
Etienne Armand Amato, Maître de Conférences en Sciences de l’Information et de la Communication, Université Paris-Est Marne-la-Vallée, Laboratoire DICEN-IDF, EA 7339


Responsables scientifiques : michele.lalanne@univ-jfc.fr & victor.potier@univ-tlse2.fr


Ouvert aux étudiant(e)s : réseau de master du Labex SMS, Master Gestion des Territoires et Développement Local, Master Audiovisuel, Médias Interactifs Numériques, Jeux.


Organisée par : le Centre d’Étude et de Recherche Travail, Organisation, Pouvoir – CERTOP, le Centre National de la Recherche Scientifique – CNRS, l’Université Fédérale de Toulouse Midi-Pyrenées et l’INU Champollion.

Avec le concours de l’Axe de recherche PPES


L’utilisation du dessin « Les Arts Ménagers » d’Yves Chaland est le fruit d’une gracieuse autorisation de l’association les Amis d’Yves Chaland. Si vous aimez la BD, la ligne claire, ou tout simplement le visuel de notre affiche, nous vous invitons à aller à leur rencontre, lors de la dixième édition du festival de Bande Dessinée « Les Rencontres Chaland » à Nérac, du 30 septembre au 1er octobre 2017.
Infos : www.rencontres.yveschaland.com


mise à jour 26 septembre 2017 – source : http://www.univ-jfc.fr – Image : « Les Arts Ménagers », Yves Chaland, 1988, Crédit : Les Amis d’Yves Chaland