« Critiques de l’alimentation industrielle et valorisations du naturel: sociologie historique d’une « digestion » difficile (1968-2010) ».  LEPILLER Olivier

Thèse pour le doctorat de sociologie, soutenue en septembre 2012, à l’Université Toulouse Jean Jaurès, sous la direction de Jean-Pierre Poulain

Résumé : Cette thèse propose d’appréhender d’un point de vue sociohistorique les relations entre les critiques et les justifications de l’alimentation industrielle, en accordant une attention particulière à la valorisation du naturel. On constate aujourd’hui un certain nombre de qualifications marchandes et d’arguments de vente mettant en avant des qualités que l’on peut considérer comme des réponses à la critique. L’objectif central de cette thèse est de rendre compte de la production, de la circulation et du processus d’endogénisation, ou de « digestion », de la critique par l’industrie alimentaire. L’enquête a pris pour objet l’offre contemporaine, à travers l’étude de la construction d’une campagne publicitaire et d’un corpus d’arguments de vente de produits alimentaires. Dans une perspective diachronique, la critique et ses effets ont en outre été appréhendés grâce à l’analyse thématique des publications de plusieurs grands types d’acteurs de l’alimentation : celles de diététiciens alternatifs, de scientifiques de la nutrition, de journalistes d’un hebdomadaire grand-public et de chercheurs en sciences sociales de l’alimentation. La période couverte s’étend de la fin des années 1960 à 2010. Ces deux approches ont permis de proposer d’une part une typologie du travail de naturalisation opéré par les industriels, qui mettent en oeuvre différentes conceptions de la nature, et d’autre part une typologie de la critique de l’alimentation industrielle caractérisée par différentes thématiques. Trois périodes historiques ont été distinguées. La première, de la fin des années 1960 à la fin des années 1970, est une période de diffusion de la critique. La période suivante, entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1990, est marquée par l’affaiblissement d’une critique sujette à un début de « domestication ». Mais elle se relance vigoureusement à partir du milieu des années 1990 à la suite d’une succession d’épisodes de crise. Simultanément, la « domestication » de la critique se renforce et s’institutionnalise.

Mots-clés : sociologie de l’alimentation, industrie alimentaire, logique industrielle, travail de naturalisation, naturalité, valorisation du naturel, critique, justification, produits alimentaires, endogénéisation.

mise à jour février 2013