Thèse : « Avaler la pilule : genre, politiques et économies de la contraception orale en région toulousaine. »
Thesis “To be on pill : gender, politics and economics of oral contraception in Toulouse region.”

FONQUERNE Leslie

Thèse de doctorante en Sociologie, soutenue en novembre 2021 à l’Université Toulouse Jean Jaurès, Sous la direction de  : Stéphanie Mulot et Julie Jarty

Mots-clés : Contraception, sexualités, sociologie du genre, anthropologie de la santé, politiques, femmes, féminisme

Keywords : Contraception, sexualities, gender studies, anthropology of the health, politics, women, feminism

Composition du Jury :

Yaëlle AMSELLEM-MAINGUY, Chargée de recherche en sociologie, INJEP (Examinatrice)

Armelle ANDRO, Professeure de sociologie et de démographie, Université Paris 1 (Rapporteure)

Michel BOZON Directeur de recherche émérite en sociologie, INED (Président)

Élise de La ROCHEBROCHARD, Directrice de recherche en épidémiologie et démographie, INED (Rapporteure)

Marc ZAFFRAN, Médecin généraliste et écrivain (Examinateur)

 

 

Résumé :

Cette thèse interroge les prescriptions et les usages de contraception orale dans un contexte marqué par la crise de la pilule ». Si lors de la légalisation de la contraception en France, les pilules incarnaient un symbole d’émancipation pour les femmes, elles deviennent, cinquante ans plus tard, objets de méfiance d’ordre sanitaire et social, toujours plébiscités. À la croisée de la sociologie du genre et des professions et de la socio-anthropologie politique de la santé, trois niveaux d’analyse sont articulés : l’étude de parcours contraceptifs (niveau micro social) ; l’impact des normes médicales et de genre sur les pratiques contraceptives et médicales (niveau méso) ; et la prise en compte de logiques biopolitiques (niveau macro). Des entretiens ont été menés selon les principes d’une étude longitudinale auprès de jeunes femmes usagères de contraception orale, de leurs mères et partenaires et de professionnel·le·s de santé, habilité·e·s à prescrire ou délivrer une contraception. Une centaine de consultations médicales et gynécologiques ont été observées, dans des structures publiques et privées. Les analyses par codifications thématiques et études de cas ont mis en évidence une typologie de pratiques de soin (allopathiques dominantes, sensibilisées, alternatives) plus ou moins enclines aux violences gynécologiques et pouvant freiner la remise en question de la centralité des pilules dans la norme contraceptive ». L’étude des perceptions de la contraception par l’ensemble de la population d’enquête révèle une corrélation hiérarchique entre les méthodes contraceptives (plus ou moins marginalisées), les praticien·ne·s qui les recommandent et les profils des usagères.

Abstract :

This thesis examines the prescriptions and uses of oral contraception in a context marked by the « pill scare » (or « pill crisis »). If, at the time of the legalization of contraception in France, the pill embodied a symbol of emancipation for women, fifty years later, it has become an object of health and social distrust, while still being in demand.
At the crossroads of the sociology of gender and professions, and the political socio- anthropology of health, three levels of analysis are articulated: the study of contraceptive journeys (micro social level); the consideration of the impact of medical and gender norms on contraceptive and medical practices (meso level); and the consideration of biopolitical logics (macro level). Interviews were conducted following the principles of a longitudinal study with young women who use oral contraception, their mothers and partners, as well as health professionals authorized to prescribe or dispense contraceptives. One hundred medical and gynaecological consultations were observed in public and private facilities. Analyses by thematic coding and case studies revealed a typology of care practices (predominantly allopathic, sensitized, alternative) that are more or less prone to gynaecological violence and that can hinder the questioning of the centrality of pills in the « contraceptive norm ». The study of the perceptions of contraception by the entire survey population reveals a hierarchical correlation between the contraceptive methods (more or less marginalized), the health workers who recommend them, and the profiles of users.