« Travail de qualification. Signes officiels de qualité et référence territoriale. » Thierry ESCALA

Thèse de doctorat de Sociologie soutenue le lundi 26 novembre 2007, à l’Université Toulouse le Mirail
Directeur de thèse
: Franck COCHOY

Jury :
Gilles Allaire, Directeur de Recherche INRA, Toulouse
Franck Cochoy, Professeur, Université Toulouse II (directeur de thèse)
Jean-Yves Nevers, Directeur de recherche CNRS, Université Toulouse II
Christine de Sainte-Marie, Ingénieur de Recherche INRA, Avignon
Egizio Valceschini, Directeur de Recherche INRA, Paris (rapporteur)
François Vatin, Professeur, Université Paris V (rapporteur)

Résumé de la thèse : Cette thèse se propose de compléter les travaux sur la qualité par une approche par le produit. Loin de considérer le produit comme fini, l’analyse de la qualification suppose un produit en train de se faire. La qualification est alors le processus d’identification et d’inscription des qualités dans le produit. Des ajustements constants sont nécessaires entre l’identification du produit sur le marché et les contraintes propres à l’activité de chaque opérateur ainsi qu’au niveau de leur coordination. Il s’agit d’un réel travail de qualification, qui ainsi défini est une activité distribuée. La thèse est consacrée à l’analyse en détail de ce processus à partir d’un cas précis, l’Agneau Fermier Label Rouge.

Quatre résultats viennent étayer la notion centrale de niveaux de qualification.

Premièrement, la distinction de niveau de qualification permet de montrer qu’en matière de qualité l’action collective agricole s’inscrit de manière coextensive dans l’action publique.

Le deuxième résultat nous renseigne sur la consistance du marché. L’attention portée aux actes concrets de qualification permet d’identifier différents espaces de circulation liés aux attentes différenciées des intermédiaires. Le produit en tant que bien homogène ne tient d’autant mieux que les opérateurs de la qualification créent les conditions d’une qualification pragmatique propre à chaque espace de circulation.

Le troisième résultat porte sur les formes du collectif. Initialement issu d’une unique structure, le label a progressivement établi un lien significatif entre plusieurs structures relativement autonomes. Les frontières du collectif pertinent s’étendent en fonction du niveau de qualification.

Enfin, la stabilisation du produit sous une forme marchande générique ouvre les conditions de possibilité de sa publicisation au sein d’un bien commun territorialisé. Cette publicisation, associée par un effet de collection à celle de produits équivalents, permet de qualifier le territoire. Ici, l’extension du collectif est alors de nature politique et le travail de qualification rend perméable les distinctions classiques entre une sphère proprement économique et une sphère proprement politique.

Mots-clés : Agro-alimentaire, marchés, territoire et politique.